Rwanda:Pierre Célestin Rwigema retourne dans le giron du FPR

Publié le par gaspard-musabyimana

3 JUIN 2011 23 H 14 MIN 5 COMMENTAIRESVIEWS: 1,815
Pierre-Célestin Rwigema

Pierre-Célestin Rwigema / photo igihe.com

Du 10 au 11 juin 2011, le régime rwandais avait mobilisé l’Amérique entière et spécialement la ville de Chicago pour accueillir en grande pompe Paul Kagame. A coût de millions de dollars, rien ne fut épargné : recours aux lobbyistes bien connus aux Etats Unis, contrats de communication avec les organes de presse, transport et hébergement des Rwandais vivant aux Etats Unis, au Canada, en Europe et même…au Rwanda. Tout cela pour promouvoir l’image du dictateur dont les services redoutaient d’être ternie par la campagne des opposants qui étaient déterminés à dénoncer publiquement et pour la première fois en Amérique même, les crimes du dictateur Paul Kagame. Résultats des courses : quelques centaines de personnes se sont retrouvés dans la flamboyante salle de l’Hotel Hyiatt et ont comme convenu et sur un claquement de doigts acclamé à tout rompre le dictateur Kagame même quand il lançait des propos décousus et dignes d’un psychopathe. Dehors, une centaine d’opposants chantaient et brandissaient des pancartes sur lesquels on pouvait lire la vraie nature de l’homme qui règne sur le Rwanda depuis 1994. La presse locale n’en revenait pas, elle qui gobait le mensonge présentant Paul Kagame comme un « héros » qui a arrêté le « génocide » et un « visionnaire » qui a propulsé le Rwanda au rang de pays modèle en Afrique. Les organisateurs de la manifestation, notamment Dr Théogène Rudasingwa et Paul Rusesabagina, n’ont pas eu beaucoup de peine à démontrer que l’homme que Chicago avait accueilli dans ses mûrs ce week-end était l’un des pires dictateurs que le monde ait connu.

Mais ceux qui se trouvaient dans la salle ont observé un fait insolite. L’ancien Premier ministre de Paul Kagame de 1995 à 2000, Monsieur Pierre Célestin Rwigema, a littéralement fait un « chemin de croix à genoux » pour parvenir à s’incliner et à serrer la main de Paul Kagame.

L’on se souviendra qu’il y a quelques semaines, plus exactement le 20 mai dernier, nous nous étions étonné de l’annonce par le Procureur général de Kigali de l’abandon des poursuites pour génocide qui étaient intentées contre P.C Rwigema depuis son exil en 2001.Nous avions alors parlé de « deal politique » et que sa concrétisation ne saurait tarder. Le rendez-vous de Chicago constitue donc un premier pas de P.C.Rwigema vers son berceau initial, le FPR, dans ce marché de dupes.

Pour rappel, PC Rwigema fut nommé Premier ministre en remplacement de Faustin Twagiramungu et après avoir trahi ses collègues du parti MDR qui avaient décidé de démissionner collectivement en 1995. Il sera à la base de la dissolution du même parti MDR dont pourtant il se réclamait. Plus grave, il se distinguera par ses discours haineux et incendiaires contre les populations du Nord du Rwanda (Ruhengeri et Gisenyi) qui étaient alors l’objet d’une répression aveugle de l’Armée du FPR (APR) sous prétexte que les « infiltrés » étaient leurs fils. Il a notamment déclaré que ces paysans du Nord devaient être exterminés car « on ne peut pas soigner une taupe de la myopie » autrement dit qu’ils étaient irrécupérables pour vivre avec d’autres Rwandais. Ensemble avec ses collègues Stanley Safari et Anastase Gasana (qui, en tant que le plus perfide de politiciens rwandais, était aussi venu acclamer Kagame à Chicago), il fut à la base des lois liberticides et des termes stigmatisant tout Hutu à volonté comme «  ingengabitekerezo… ». Il est allé jusqu’à affirmer que tous les Hutu devaient demander pardon aux Tutsi !

Pour réussir son show à Chicago, le régime a donc fait un marché avec P.C. Rwigema en lui accordant « l’amnistie » et en retour en lui demandant de venir faire publiquement allégeance à Paul Kagame. Toute la presse du régime ne parle que de cela ! Parions que dans les jours à venir, il va retourner à Kigali pour occuper l’un ou l’autre des postes symboliques réservés aux Hutu de service. Mais parions aussi que aussitôt retourné au Rwanda, les accusateurs retrouveront des éléments nouveaux qui le feront arrêter pour « génocide », ce crime étant imprescriptible. Et l’accord passé avec le Procureur général n’ayant pas force de loi, il sera arrêté, jugé et condamné. Bon voyage monsieur le Premier ministre, mais à bon entendeur, Salut !

Echos d’Afrique

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